Concilier vie familliale et vie professionnelle :
le pari d'une harmonie sociale
 
   
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Chemin de vie
 
Cette partie de la recherche a été réalisée grâce à des interviews faites à des femmes et à des hommes avec enfants en bas age. En particulier, nous étions intéressés à savoir comment dans les différents pays, les familles affrontent quotidiennement la difficile conciliation entre les temps du travail et ceux des engagements familiaux.
 
C'est donc une recherche qui a intéressé et passionné tous les membres du groupe parce qu'elle était intimement liée à l'expérience personnelle de chacun d'entre nous.
 
Qui ne connaît la fatigue d'être une présence quotidienne significative dans la vie de des membres de notre famille : mari/femme, enfants, parents, petits-enfants?, et de vouloir en même temps se réaliser dans la vie professionnelle, avec souvent la sensation de courir derrière les évènements, un sentiment d'incapacité, de « ne pas être à la hauteur de la situation », comme si le temps n'était jamais suffisant ?
 
Le projet a rebondi comme un boomerang dans la vie de chacun de nous , en nous obligeant à réexaminer notre façon de vivre nos pensées, nos actions, en mettant en discussion le style de vie de chacun.
 
Nous avons eu la possibilité d'enquêter et de réfléchir sur les interventions dans les différents pays réalisées par les divers acteurs sociaux ( gouvernements, administrations, associations, entreprises, bénévoles, etc..) et sur les solutions « inventées » pour affronter le quotidien, en abordant des thèmes comme la qualité de la vie, la capacité de faire des choix conscients, la fatigue de la routine quotidienne.
 
C'est la donnée qui émerge le plus souvent des enquêtes faites aux pères et mères des trois pays et qui sont communes à la campagne et à la ville.
 
Des sondages faits à des parents d'enfants à partir des premiers mois jusqu'à 6/7 ans, à des familles monoparentales, nucléaires sur lesquelles pèse l'absence de réseau familial et solidaire.
 
Des hommes et des femmes appartenant aux classes moyennes ou inférieures qui partagent l'idée de travail comme investissement et source de gratification, non seulement économique, mais aussi comme réalisation personnelle et source de plaisir.
 
De tous les sondages il émerge la tragique absence de temps libre pour la mère, même en présence de partage et d'aide dans les taches ménagères ; en moyenne le temps consacré à soi dans les premières années de vie des enfants est de 2/3 heures par semaine. Car il existe encore une mentalité qui assigne la responsabilité des soins aux enfants, de la gestion de la famille à la mère, en lui reconnaissant implicitement une compétence dans la gestion du quotidien , où l'on vit dans une logique de contemporanéité, dans l'exercice d'une pluralité de choses à observer, agir et tenir sous contrôle, en ayant comme schéma d'action la connexion, et l'assemblage. Un style qui semble difficile pour les hommes habitués à agir selon un schéma de succession, d'abord une chose, puis l'autre, et où l'une et l'autre tendent à se définir et à se réaliser séparément. La femme est ainsi la gardienne d'un savoir-faire relationnel, qui, comme l'ont déclaré de nombreuses mères, constitue un domaine de pouvoir qu'elles ont du mal à con-céder au partenaire : elles se trouvent ainsi partagées entre le désir d'une plus grande participation et d'un plus grand partage de la part du père, et la crainte de « perdre le pouvoir » .
 
Les jeunes pères, à la différence de ceux de la génération précédente qui, dans la plupart des cas, se contentaient d'exécuter des consignes maternelles, manifestent le désir d'être présents dans la vie des enfants avec l'apport des soins et davantage d'intervention dans la vie familiale, en créant ainsi de nouvelles dynamiques relationnelles dans le rapport entre les sexes.
 
Les relations avec les services changent, en particulier les crèches, écoles maternelles, ludothèques, centres pour les familles, dispensaires, qui enregistrent une augmentation de présences paternelles non seulement dans l'accompagnement quotidien des enfants, mais aussi dans les moments de jeux, de moments de formation pour parents, et de socialisation avec d'autres pères.
 
La demande de services flexibles dans les horaires de fréquence mais aussi dans l'offre de lieux d'écoute et de soutien pour les problèmes éducatifs. Cette demande des parents naît de la solitude dans laquelle vit la famille, en absence de réseau de parenté et de liens informels de solidarité ( par exemple les voisins), qui amène, comme on vient de le voir, à la recherche de lieux de retrouvailles, de socialisation, de soutien, qui permettent la naissance de nouveaux liens et de réseaux de solidarité.
 
Cette solidarité est cruciale dans le cas de parents non mariés ou séparés. Ce sont précisément les cellules familiales monoparentales les plus exposées sous différents points de vue : économique- plus grand risque de pauvreté- et relationnel , car il y a une surcharge de travail du parent qui doit effectuer toutes les taches et qui a peu de temps à disposition pour lui et pour les enfants. En particulier la présence des adultes à coté des enfants est réduite, surtout dans la pré adolescence et l'adolescence où ils passent de nombreuses heures tout seuls.
 
Dans ce contexte il est fondamental que les parents, surtout les séparés, sentent l'importance de continuer à être parents et à partager les responsabilités éducatives, même si l'on n'habite plus ensemble.
 
Qu'est-ce que demandent les parents de notre recherche dans trois pays européens ?
 
Pour faire face à cette situation si complexe il faut agir à différents niveaux : avec une augmentation de la politique de soutien à la famille- qui cependant en cette période de crise ne sera pas suffisante, mais aussi et surtout avec une philosophie de vie qui mette les droits des enfants, de tous les enfants, et par conséquent des adultes qui s'occupent d'eux, au centre de l'attention.
 
Bref : flexibilité des horaires de travail, facilité d'entrée et sortie du marché du travail pour les pères et les mères, part time, même dans le privé ; lieux de réflexion,, de garderie, de création de réseau de solidarité entre adultes?

 
Commune de Bologne - Association Seguala-Limargue - Centre Social du Canton de Châtilllon en Bazois - Ecole Maria Ulrich - 2004